Nous suivons tous avec beaucoup d’enthousiasme la prolifération des « tech cities » , ces nouvelles Sillicon Valley africaines. Que ce soit, la City of Hope au Ghana, la Sillicon Savannah , l’Innovation hub en Afrique du Sud, l’idée c’est de créer des centres voire des petits villages où toutes les conditions sont mises en place pour émuler l’innovation technologique, suivant le modèle de la Sillicon Valley aux Etats-Unis.
Au delà de l’enthousiasme tout à fait justifié qui accompagne la création de ces hubs, je voudrais faire un parallèle avec une situation que connaissent beaucoup de pays africains depuis quelques années déjà. J’ai passé huit jours à Niamey, la capitale du Niger il y a quelques semaines. Au delà des merveilleux souvenirs des berges du fleuve, j’ai emporté dans mes bagages au retour les moins bons souvenirs des délestages intempestifs qui sévissent dans la capitale nigérienne. Dans le quartier où j’étais logé, on arrivait à peine à avoir 6 heures d’électricité par jour et ce, de manière discontinue. Ce déficit d’énergie est un problème auquel plusieurs pays africains sont confrontés depuis déjà quelques années.
Quelle est la relation avec les hubs technologiques, allez vous me dire!
Eh bien, elle est simple: les cités technologiques consomment énormément d’énergie. Pour vous faire une idée, il était annoncé en 2011, que le géant américain de l’informatique, Google aurait une part entre entre 1,1 et 1,5% de la consommation mondiale d’électricité. La question qu’on est en droit de se poser est la suivante: Où allons-nous trouver l’énergie pour alimenter ces nouvelles cités technologiques, quand nos compagnies nationales d’électricité peinent à alimenter les ampoules électriques des foyers?
Le constat qui découle de tout ce qui précède est que d’une manière ou d’une autre, nous sommes en train de mettre la charrue avant les bœufs.
Avant de poursuivre, je voudrais apporte rune précision. Je ne suis pas contre l’idée des hubs technologiques en Afrique. Au contraire, je pense que ce serait un bon moyen de stimuler l’innovation technologique et la création d’entreprises dans les nouvelles technologies. Encore faudrait-il que les ressources, les politiques, et les moyens soient mis en place au delà de la simple création des cités. Ce que je voudrais pointer du doigt ici, c’est le risque de se lancer coûte que coûte dans de grands projets d’apparence attrayante sans s’être assuré préalablement de leur adaptabilité aux conditions locales actuelles. Le continent africain regorge ainsi d’exemples de nombreux projets plus grandioses les uns que les autres qui ont finalement échoué parce qu’on ne s’était pas assuré au départ que certaines conditions fondamentales étaient réunies.
Un autre exemple pour illustrer mon propos est celui des initiatives d’e-learning qui florissent un peu partout dans des pays africains où plus de la moitié de la population n’a pas accès à l’électricité (même dans les capitales) et encore moins à internet, soit en raison d’infrastructures inexistantes, soit en raison de leur coût élevé, et où encore très peu de personnes peuvent s’offrir le « luxe » de matériels informatiques. Encore une fois, nous mettons la charrue avant les bœufs.
Finalement, ce qu’il faudrait faire, c’est changer de paradigme.
En attendant que les services fondamentaux que sont l’électricité, l’eau, les soins de santé soient complètement accessibles dans nos pays, il faudrait repenser nos initiatives technologiques pour qu’elles soient cohérentes avec nos réalités actuelles. Nos réalités ne peuvent pas s’adapter à ces initiatives même si dans leur principe elles paraissent extraordinaires. C’est à la technologie et à l’innovation de s’adapter aux réalités sur place. Si vous donnez un lingot d’or à quelqu’un qui est sur le point de mourir de soif dans le désert, vous lui avez sûrement fait du bien, mais vous ne l’avez pas forcément aidé.
Pour terminer, je vous invite à lire cet édifiant article (en anglais) de Mawunan KOUTONIN qui à mon avis a très bien compris cette nécessité d’adapter les innovations technologiques aux réalités africaines.
Retrouvez cet article et d’autres ici.
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