Par - - Commentaires fermés sur Ebola, les hashtags et l’African Tech
  

Il faut être sourd, aveugle, vivant isolé en ermite dans une grotte retirée au fin fond de la forêt amazonienne, loin de toute source d’électricité, d’Internet, et d’ondes radio pour ne pas avoir été bombardé (et ceci est un euphémisme) par un flux d’infos, d’intox, d’avis, et de contre-avis au sujet de la toute nouvelle coqueluche des médias et des réseaux sociaux: Le virus Ebola. Et comme on pouvait-ou devait- s’y attendre, un hashtag est né!

A chaque jour suffit son hashtag!

michelle-obama-bringbackourgirls

A chaque jour suffit son hashtag. Il en naît plusieurs, toutes les fois ou les médias (traditionnels ou de nouvelle génération) décident de faire d’un sujet leur nouveau joujou, jusqu’à ce qu’un nouveau joujou plus intéressant vienne le remplacer. Pourtant, on peine déjà à se souvenir  du  hashtag #BringBackOurGirls qui avait été utilisé la « FLOTUS herself! »-rien que ça!- pour exprimer son « engagement » pour la libération des plus de 200 filles enlevées par Boko Haram dans le Nord du Nigeria, en Mai dernier. Dans la foulée, la tendance a fait le « buzz », et étaient classées dans la catégorie « Ringard » toutes les personnes qui avaient commis le crime de ne pas se prendre en photo avec le mot-clé inscrit sur une ardoise, une feuille de papier, du papier hygiénique un mouchoir, une cuisse, une poitrine, bref, tout support imaginable. Aussitôt récupéré par les adeptes en tout genre du « m’as-tu-vu » et du « Ma-vie-sur-Instagram-est-meilleure-que-la-tienne », par des ex-premières dames (ou premières-copines, on finit par se perdre) prêtes à tout pour faire parler d’elles à nouveau, par des anciennes stars désormais has-been et cherchant à faire peau neuve ou à se reconstruire une gloire, par des institutions et corporations à l’affût de tous les moyens possibles pour faire parler en bien d’elles,  le hashtag #BringBackOurGirls a finalement oublié les filles enlevées par Boko Haram pour devenir un accessoire qu’on arbore fièrement sur sa photo de profil Facebook, Twitter, sur son T-shirt, sur Instagram, dans une vidéo, etc. Et comme tous les effets de mode, ilest passé aux oubliettes. Emportant avec lui notre émoi de l’enlèvement de ces pauvres petites filles innocentes par Boko Haram.

Non, ce qui est important maintenant, et qui doit figurer dans notre bio sur Twitter (en attendant notre prochain « joujou-hashtag »), c’est #GiveUsTheSerum. Ou « Donnez-nous le sérum » en français. Un nouveau hashtag, viral, non pas parce qu’il est arrivé avec la réapparition du virus Ebola, mais parce qu’il a été tout de suite adopté par la twittosphère voire la webosphère africaine, et répété à souhait comme un cri de guerre. Ou une menace. Pour contraindre les Etats-Unis, l’OMS, Mapp Biopharmaceuticals, E.T, Obi-Wan-kenobi, et l’univers entier de laisser le sérum expérimental ZMapp (soit dit en passant non encore testé cliniquement sur l’Homme) être utilisé pour « guérir » les personnes contaminées par Ebola en Afrique. En effet, ce sérum, encore expérimental, développé aux Etats-Unis, avait été administré à deux américains qui avaient été contaminés par le virus. A ce stade, les effets que pourraient avoir à court, à moyen, ou à long terme l’administration d’un sérum jusqu’ici testé uniquement sur des animaux à des dizaines voire des centaines de personnes (africaines ou non) par le virus Ebola semblent ne guère importer.

Pour certaines personnes, le hashtag #GiveUsTheSerum n’a pas pour but de « mendier » le sérum expérimental mais juste d’attirer l’attention du monde sur ce qui est en train de se passer en Afrique. Peut être parce que les médias n’en font pas déjà assez? Bref, pour d’autres personnes, le plus important est qu’il est grand temps que vous échangiez votre T-Shirt déjà démodé #BringBackOurGirls pour un spécimen de la toute nouvelle collection #GiveUsTheSerum.

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Your serum or your life!

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’usage du hashtag #GiveUsTheSerum part déjà dans tous les sens. Depuis l’alarmiste au sceptique, en passant par le loufoque et le comique. Preuve en général dans le cas des memes internet qu’il atteint son pic et que sa popularité va très bientôt chuter brusquement. Et que les internautes vont retourner bientôt à leurs occupations en attendant la prochaine coqueluche et son mot-clé.

 

 

On est en droit de se demander: « Que pouvons-nous donc faire, derrière nos écrans et nos claviers, pour aider à stopper le virus Ebola, à part d’user et d’abuser d’un hashtag? »

Que peut faire l’African Tech

J’ai une révélation à vous faire: Ni Twitter, ni les hashtags ne sauveront le monde du virus Ebola.   Mais s’il y a aujourd’hui une observation incontestable que l’on pourrait faire face à l’épidémie Ebola, c’est le manque cruel et dangereux d’information, voire la désinformation autour du phénomène. Et c’est exactement là, ou l’Africa Tech pourrait-devrait-intervenir.

 

Il y a un besoin important de plateformes d’informations fiables, accessibles, et contextualisés pour lutter contre la désinformation qui pourrait s’avérer plus dangereuse que le virus lui-même. Au Togo, par exemple, une information erronée a circulé faisant état de contaminations dans le pays. Dans la foulée de la panique générale causée par cette fausse nouvelle, une rumeur, selon laquelle il faudrait se doucher à l’eau chaude salée et consommer beaucoup d’oignons et de citrons pour éviter de se faire contaminer par le virus, a été relayée, semant la panique et la désinformation à tout va.

Il faudrait pour commencer développer des canaux (applications pour smartphones, plateformes SMS ou voix, sites web, etc.) pour relayer des informations vraies et fiables sur les modes de prévention et de contamination de la maladie. Des mesures d’hygiène et de vie minimales permettent de réduire considérablement le risque de contamination du virus. 

Ensuite, à l’ère de la révolution des données, il serait intéressant d’avoir une plateforme de données (une carte en ligne, par exemple) sur les contaminations (nombre, nature, personnes ayant succombé ou ayant survécu, sexe, age, localisation des personnes contaminées, etc.) en vue de mieux s’outiller contre la propagation du virus, effectuer des simulations de propagation du virus en fonction des flux migratoires ou du contexte des pays concernés, bref réagir efficacement

Si la récente épidémie Ebola semble être la plus grave depuis la découverte du virus en 1976, ce n’est pas la première fois qu’il apparaît. Dans la mesure des informations et des données disponibles, étudier l’apparition et l’évolution des précédentes épidémies pourrait être bénéfique pour mieux orienter les actions de lutte contre la propagation du virus. 

Il y a très peu voire pas de chance que le sérum ZMapp soit administré à grande échelle à tous les malades du virus Ebola. Tout simplement parce qu’il n’est pas encore prêt et testé. Mais, en attendant, l’African Tech a le champ libre pour agir afin d’éviter ou du moins de réduire les nouvelles contaminations. A moins qu’elle ne fasse le choix de brandir des hasgtags sur des pancartes ou des ardoises.

KA.

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