La première chose qui me frappe lorsque je rentre dans cette chambre d’hôtel à Bamako, c’est l’inscription sur un bout de papier plastifié, bien mis en évidence sur le bureau en bois clair et dégagé: « Chers clients, nous avons le plaisir de vous informer que la connexion internet à haut débit (256 kb) est disponible dans votre chambre. » J’ai ri. Une heure plus tard, mon rire se transformait en soupir d’agacement, quand je peinais à télécharger une vidéo de soixante secondes que j’avais reçue par email.
Les formules « haut débit », « très haut débit », « débit ultra-rapide », et autres descriptifs à base d’abus de superlatifs m’ont souvent amusé, de par leur subjectivité et tout le flou qui les entoure, et en raison de la manière dont on en use sans modération à toutes les sauces. Il en est de même des termes tels que « 3,75 G », « 3G+ », « 3G++ », « 3,9G », que les opérateurs de téléphonie mobile se plaisent à utiliser allègrement à des fins de marketing voire de publicité mensongère. Entre les débits supersoniques annoncés sur les panneaux publicitaires, et la réalité, c’est souvent la nuit et le jour.
Je me souviens qu’il y a six ou sept ans, j’avais l’habitude de charrier Jean-Paul, un ami à moi. Il venait d’acheter un téléphone mobile basique, à une époque où les premiers smartphones (encore munis de clavier pour la plupart, les écrans tactiles pour mobiles commençaient à peine à être vulgarisés) et des téléphones qui permettaient au moins d’emporter avec soi sa bibliothèque musicale, gagnaient de plus en plus de terrain. Dans ce contexte, son téléphone tout simple, avec son écran bicolore, et ses sonneries polyphoniques, qui ne lui servait qu’a émettre et recevoir des appels et des SMS faisait déjà un peu « ringard ». D’autant plus que le constructeur faisait la publicité du téléphone en annonçant qu’il embarquait… une torche. Je retrouve le ridicule de cet argument marketing à chaque fois que je tombe sur une publicité d’un fournisseur d’accès Internet, qui annonce, en 2015, qu’il fournit le « haut débit »….
La réalité, c’est qu’aujourd’hui, le débat du haut (ou du bas ) débit est déjà dépassé. Quelque soit l’appellation que l’on en fait, « Ultra Haut débit », « Débit supersonique », « 3,99 G », ce qui importe pour l’internaute, c’est ce que la qualité de sa connexion lui permet d’accomplir, c’est à dire le contenu, les services, et les applications auxquels il peut accéder décemment grâce à sa connexion Internet. Quel est l’intérêt d’avoir une connexion Internet à un débit prétendument « très haut » si une simple recherche sur Google est une expérience digne du parcours du combattant?
Au fil du temps, les services et applications proposées par le web se sont adaptées à l’amélioration de la fiabilité de la connexion Internet et de la disponibilité de bandes passantes de plus en plus larges. Les sites web d’il y a dix ou quinze ans, constitués exclusivement d’images au format gif, de texte et de liens hypertextes colorés, n’ont rien à voir avec ceux d’aujourd’hui qui font appel à du contenu multimédia lourd, à de multiples bases de données et services web mutualisés. Les sites web d’hier ne sont pas ceux d’aujourd’hui. Les applications que l’ont faisait du web ne sont pas les mêmes qu’aujourd’hui . Par conséquent, le « haut débit » d’hier, peut être le débit médiocre d’aujourd’hui, tout simplement s’il ne permet pas de tirer profit des applications actuelles du web. En d’autres termes, « c’est l’application qui fait le débit ».
La prochaine fois que je rentrerai dans une chambre d’hôtel à Bamako, j’espère ne pas trouver d’inscription annonçant pompeusement le « haut débit à 256 Kbps ». J’espère juste que la connexion Internet me permettra juste de télécharger une vidéo de soixante secondes, sans avoir l’impression d’être sur une autoroute, à dos d’âne.
C’est Vendredi, tous les commentaires sont permis. 🙂
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